This article was written by Zorabelle Fran Uy, a UP Cebu Masscom student, based on interviews by Balbino “Ka Bino”Guerrero of Narcisa Requinto and Barangay captain Fernando “Nanding” Requento of Tagjaguimit, Naga City.A clan in this new city at the southern crossroads of Metro Cebu still carries on a long lost tradition that puts an original twist in the door-to-door Christmas caroling that we know today
Known in Naga City as the Pastores, they are town carolers composed of family members of the Requinto clan who stage the Bible’s narration of the shepherds’ search for the baby Jesus coined Los Pastores.
A poetic morality play and dance, Los Pastores was passed on from one generation to another originating from the Spanish missionaries who introduced Christianity in the early Naga. This act was lived-on by various families performing during Christmas season both by invitation and house-to-house performance.
The Requinto Clan prides itself as one of the original families committed in continuing the practice and has embraced the beliefs associated with Los Pastores.
“Kabilin ang pagtudlo sa Pastores gikan sa akong inahan nga nakat-on sab sa iyang inahan,” said Narcisa Requinto who now teaches pre-teens of the Requinto clan the Pastotes tradition.
Devotees believe that the “Maestra” or “Ang Nagdala” has to complete 12 years of teaching The Pastores or be forever hounded with ailments. The musicians, which include two guitarists, 2 banjo, one tenor, and one bajo player, are all subject to this belief.
Even the children have to be part of the Pastores for three years.
This idea has directed the preservation of the tradition until today’s generation.
Now in her tenth year, Narcisa Requinto continues their family legacy as “Ang Nagdala” who had memorized all the segments of Los Pastores by heart from her mother.
She was a Pastores herself in the 1960s and has trained pre-teen clan members the dance steps that went with hand written script handed down from her elders.
Composed with five continuous segments complete with costumes and props, Los Pastores opens with O Mahal Namong Ginoo, Verso, Sa Portal, Vamos sa Belen, and ends with the farewell song Adyos. Verso is the part when the Pastores sing and dance the verses on the search for the New Born Messiah. Sa Portal graces chants and dances at the door of the Belen while the Vamos sa Belen is an expression of invitation.
Their practices normally start during September while they start heading for the town proper on the 20th of December and end the staging by February.
The Requintos never failed to always render their first performance in the church to implore God for blessings.
Depending on the generosity of the households, Pastores can produce as much as P10,000 in a day.
The sum would be divided equally among the members except for the bajo player who gets his share twice for bajo is a heavy instrument. Performances by invitation pay more.
Today, the Requintos are proud to be part of the upcoming Pastores de Naga Christmas Festival that seeks to place the Pastores tradition at the center of attention now only in Naga City but also in Cebu.,
The Pastores performers are up for new and larger spectators as the festival paves way for grander performances and now enshrined as having preserved for today’s generation Naga’s impressive tradition.
Sunday, December 23, 2007
Les Philippines d'île en île
Carolyne Parent
Édition du samedi 08 et du dimanche 09 décembre 2007
http://www.ledevoir.com/2007/12/08/167704.html#
Entre Taïwan et Bornéo, le pays égrène 7107 îles. Quelques-unes ont de quoi faire des vagues. Allons, vite, quittons Manille! En ce Sud-Est asiatique, on a vu mieux comme capitale. Il faut dire que les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale l'ont passablement abîmée. «Manille fut la Varsovie de l'Asie», rappelle la guide Lynn Baranda Erba. Tenez, des 12 églises que comptait la zone historique Intramuros, seule San Agustín a survécu. Hormis Malacañang, le palais présidentiel, tous les beaux palacios érigés au fil des 300 ans de la gouverne espagnole ont également été détruits. Tant et si bien qu'au début des années 80, Imelda Marcos, à l'époque première dame du pays, a senti le besoin de créer la Casa Manila, réplique d'une riche demeure du XIXe siècle destinée aux touristes.
Archipel des Visayas -- Une architecture Marcos mastoc est visible çà et là dans cette agglomération tentaculaire. Non loin de la baie, sur les terres gagnées sur la mer de Chine méridionale, l'ex-reine de beauté a fait édifier le Centre cinématographique de Manille (qui a des airs du mausolée d'Atatürk, à Ankara), le Centre culturel des Philippines et le Centre des congrès. L'hôtel Manila, un palace qui fait écho à l'hôtel Raffles de Singapour et où le général Douglas «I shall return» MacArthur vécut pendant six ans, lui doit également sa restauration. «En dépit de tout, c'était une visionnaire, dira la guide Teresina Quitevis. Elle a notamment créé le ministère du Tourisme en 1973.» Et aussi cette villa délirante, le Coconut Palace, dont la majeure partie de la structure, du mobilier et des éléments décoratifs, y compris la literie, est issue des différentes composantes du cocotier. La résidence devait accueillir le pape Jean-Paul II en 1981, mais ce dernier avait préféré reposer sa sainteté ailleurs. Ça y est, on peut partir, maintenant? Faisons d'abord un petit tour dans Makati City, le centre à la mode et des affaires du Grand Manille. Va aussi pour une visite de l'Ayala Museum, un beau musée d'art et d'histoire philippins. Quant au Mall of Asia, un centre commercial «imeldifique» comptant 400 000 mètres carrés de boutiques, non, merci. En passant, on est tellement accro au shopping aux Philippines que la plupart des malls possèdent une chapelle où les fervents vont prier le dimanche matin avant d'aller pécher chez Esprit. «C'est qu'ils sont climatisés», nuance Luis Morano, du ministère du Tourisme. En tout cas, en ces temps agités, mieux vaut s'en tenir loin: les rebelles indépendantistes de la minorité islamique du pays semblent les fréquenter eux aussi...
Bohol d'air
Dans l'archipel des Visayas, Bohol, notre première étape, nous plonge dans une campagne tropicale sur fond de courtepointe de rizières, de forêts et de plantations de manguiers, de nipa, une variété de palmiers dont on utilise les feuilles séchées pour fabriquer les toitures des maisons, et d'ignames mauves. Sur la route, on croise des carabaos, de petits buffles d'eau, meilleurs amis du paysan, et des jeepneys, seul élément rappelant Manille. Ce sont les jeeps que les Américains ont laissées derrière eux après la Deuxième Guerre mondiale et que de futés Philippins ont bricolées et converties en minibus. Ils sillonnent tout le pays aujourd'hui. Après une croisière sur la rivière Loboc, la guide Gwendelyn Bitancor nous présente une étrange créature qui n'existe nulle part ailleurs sur la planète, dit-elle: le tarsier. Animal nocturne, arboricole et gros comme le poing, ce primate aux yeux de hibou, aux oreilles à la Yoda et à queue de rat ne gagnerait pas de prix de beauté, c'est sûr! Dans l'enclos où ils sont gardés en semi-captivité, deux douzaines de tarsiers sont agrippés aux branches des crotons et semblent beaucoup moins impressionnés par nous que nous par eux. Et dire que ces petites boules de poil peuvent se propulser à trois mètres dans les airs pour capturer leurs proies... Mais l'attrait numéro un de Bohol, ce sont les fameuses Chocolate Hills, quelque 1300 collines d'origine corallienne, hautes de 40 à 120 mètres et tapissées de végétation. «De mars à avril, pendant la saison sèche, leur végétation est brûlée par le soleil et elles ressemblent alors à des Kiss [petites bouchées] Hershey, d'où leur nom, raconte la guide. Mais maintenant [nous sommes en octobre, à la fin de la mousson], elles sont plutôt vert menthe.» Qu'importe: ces Carmen Hills, le nom qu'elles portaient avant que l'industrie du tourisme ne les adopte, ponctuent le paysage de leurs cônes insolites sur des kilomètres à la ronde, et c'est tout simplement très beau. Gwendelyn terminera notre tournée un peu plus loin, dans le village de Bool, où un monument commémore le pacte de sang qui, en 1565, unit le chef local Sikatuna au conquistador des Philippines, Miguel López de Legazpi. Moins de deux heures de traversier plus tard, nous apprendrons, dans l'île de Mactan, que Fernand de Magellan, lui, fut pas mal moins bien reçu...
Pauvre Magellan!
Imaginez, lever les voiles sur ordre de Charles Quint, traverser l'Atlantique, longer l'Amérique du Sud, découvrir par hasard un passage débouchant sur le Pacifique, maintenir le cap contre vents et mutineries, se ravitailler à Guam et convertir quelques indigènes au passage pour finalement périr aux mains d'un chef tribal portant le nom d'un poisson! Selon le guide Balbino Guerrero, comme ça s'était plutôt bien passé avec le chef de l'île voisine de Cebu, notre explorateur, enhardi, tomba dans le piège que lui tendit Lapu-Lapu («mérou» en tagalog). Et le voilà, portant armure et arquebuse, qui descend de sa caravelle sur le rivage de Mactan, à marée basse et sous un soleil de plomb, avec une poignée d'hommes face à des centaines d'insulaires les bombardant de flèches empoisonnées... Triste fin s'il en est. La bataille est commémorée sur le site même où elle eut lieu par une statue d'un Lapu-Lapu apeurant et d'un monument à Magellan. À moins d'être un fan du Portugais, on ne s'éternisera pas longtemps dans ces parages, qui représentent un passage obligé pour se rendre dans l'île de Boracay, notre prochaine étape. Sur l'île de Cebu, la ville du même nom, premier port du pays, ne charmera pas les habitués de l'Asie. On ira voir la fameuse croix qui, dit-on, renferme les restes de celle que Magellan planta sur cette terre en 1521; la Casa de l'évêque Gorordo si on a raté la Casa Manila, car elles se ressemblent; et le Carbon Market, qui n'a rien à voir avec le marché du carbone, on s'en doute. Ancien terminus de la ligne de chemin de fer de Cebu, l'endroit servait jadis d'entrepôt pour le charbon qui alimentait les locomotives. Aujourd'hui, il regorge de marchandises hétéroclites, de fruits et de légumes bizarres et de visages avenants. L'ai-je dit: les Philippins ont le sourire encore plus facile que soeur Angèle. Les amateurs de plongée sous-marine, eux, mettront le cap sur l'île de Malapascua, au nord de Cebu: ses eaux sont le royaume des requins renards et autres poissons sympas du genre.
Poudreuse à la plage Depuis l'île de Panay, nous empruntons une navette qui nous emmène dans l'île de Boracay, qui fait à peine neuf kilomètres de long sur un kilomètre de large. Le nom Boracay est dérivé de «borac», qui signifie «coton» dans la langue indigène locale et fait référence à White Beach, la plage du pays. Comme de raison, cette vaste étendue de poudre blanche n'est pas déserte, loin de là. En cette fin d'octobre, on dirait même que tous les nouveaux mariés du Japon et de la Corée s'y sont donné rendez-vous. On reconnaît aisément ces derniers car ils s'habillent en jumeaux: même bermuda, même t-shirt, même chapeau! Longeant la plage sur environ quatre kilomètres, une promenade piétonne, plantée de cocotiers, sépare White Beach d'une succession d'hôtels, de boutiques, de cafés et de centres de plongée. Et au milieu du front de mer, on trouve, quoi d'autre, D-Mall, un centre commercial à ciel ouvert. Nul besoin d'être urbaniste, ça se voit à l'oeil nu: la station balnéaire souffre d'une trentaine d'années de développement échevelé. Mais pour peu qu'on s'éloigne des zones animées, on découvre la Boracay tant vantée. À hauteur de Station 1 (la plage est découpée en cinq «stations») et de l'élégant hôtel Discovery Shores, l'environnement est à la hauteur de sa réputation. Et puis, encore plus au nord, il y a Puka Beach, la plage sauvage de nos fantasmes. Installons-nous. La mer de Chine méridionale est chaude, cristalline, et ses bleus-verts aveuglants. Il ne manque qu'un paraw, une embarcation traditionnelle à foc et grand-voile colorés, pour que le tableau soit parfait. Justement, en voilà un. En vrac - Y aller: avec Philippine Airlines via Vancouver, un vol de 13 heures sur Manille, et Air Philippines et Asian Spirit pour les vols intérieurs Manille-Bohol, Mactan-Panay et Panay-Manille. www.philippineairlines.com. - Quand y aller: après la saison des typhons, de novembre à mai. - Où loger: dans Panglao, l'île voisine de Bohol, Amarela est un hôtel-boutique familial plein de charme, situé au bord de la mer. www.amarelaresort.com. Dans l'île de Boracay, Discovery Shores est un nouvel hôtel de 80 chambres affilié à Small Luxury Hotels of the World. Ça dit tout! www.discoveryshoresboracay.com. - Massage: dans Boracay, au magnifique Mandala Spa & Villas, on propose un massage inspiré du hilot, la médecine douce traditionnelle. Mais on peut également se faire masser un peu partout, dans les aéroports comme au pied des Chocolate Hills. - Bon à savoir: en 2006, 2,6 millions de touristes (excluant les Overseas Filipino Workers), essentiellement japonais et coréens, ont séjourné aux Philippines. Ce n'est donc pas la cohue... - Alerte: sur son site Internet, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada conseille aux voyageurs se rendant aux Philippines de «faire preuve d'une grande prudence» et «d'éviter tout voyage à l'archipel de Sulu». De un, cet archipel, fief des rebelles, est presque plus près de Bornéo que des Visayas. De deux, oui, la prudence est de mise partout, même en République dominicaine, pays pour lequel le MAECI émet le même avis. De trois, si les vérifications de sécurité en vigueur dans les hôtels, les grands magasins, les casinos et autres lieux publics peuvent être agaçantes, elles sont aussi rassurantes. Au lendemain du présumé attentat terroriste dans un centre commercial de Makati City, le 19 octobre dernier, elles ne m'incommodaient plus du tout... - Renseignements: www.experiencephilippines.ph, www.wowphilippines.com.ph. Carolyne Parent était l'invitée du ministère du Tourisme des Philippines. Collaboratrice du Devoir
Édition du samedi 08 et du dimanche 09 décembre 2007
http://www.ledevoir.com/2007/12/08/167704.html#
Entre Taïwan et Bornéo, le pays égrène 7107 îles. Quelques-unes ont de quoi faire des vagues. Allons, vite, quittons Manille! En ce Sud-Est asiatique, on a vu mieux comme capitale. Il faut dire que les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale l'ont passablement abîmée. «Manille fut la Varsovie de l'Asie», rappelle la guide Lynn Baranda Erba. Tenez, des 12 églises que comptait la zone historique Intramuros, seule San Agustín a survécu. Hormis Malacañang, le palais présidentiel, tous les beaux palacios érigés au fil des 300 ans de la gouverne espagnole ont également été détruits. Tant et si bien qu'au début des années 80, Imelda Marcos, à l'époque première dame du pays, a senti le besoin de créer la Casa Manila, réplique d'une riche demeure du XIXe siècle destinée aux touristes.
Archipel des Visayas -- Une architecture Marcos mastoc est visible çà et là dans cette agglomération tentaculaire. Non loin de la baie, sur les terres gagnées sur la mer de Chine méridionale, l'ex-reine de beauté a fait édifier le Centre cinématographique de Manille (qui a des airs du mausolée d'Atatürk, à Ankara), le Centre culturel des Philippines et le Centre des congrès. L'hôtel Manila, un palace qui fait écho à l'hôtel Raffles de Singapour et où le général Douglas «I shall return» MacArthur vécut pendant six ans, lui doit également sa restauration. «En dépit de tout, c'était une visionnaire, dira la guide Teresina Quitevis. Elle a notamment créé le ministère du Tourisme en 1973.» Et aussi cette villa délirante, le Coconut Palace, dont la majeure partie de la structure, du mobilier et des éléments décoratifs, y compris la literie, est issue des différentes composantes du cocotier. La résidence devait accueillir le pape Jean-Paul II en 1981, mais ce dernier avait préféré reposer sa sainteté ailleurs. Ça y est, on peut partir, maintenant? Faisons d'abord un petit tour dans Makati City, le centre à la mode et des affaires du Grand Manille. Va aussi pour une visite de l'Ayala Museum, un beau musée d'art et d'histoire philippins. Quant au Mall of Asia, un centre commercial «imeldifique» comptant 400 000 mètres carrés de boutiques, non, merci. En passant, on est tellement accro au shopping aux Philippines que la plupart des malls possèdent une chapelle où les fervents vont prier le dimanche matin avant d'aller pécher chez Esprit. «C'est qu'ils sont climatisés», nuance Luis Morano, du ministère du Tourisme. En tout cas, en ces temps agités, mieux vaut s'en tenir loin: les rebelles indépendantistes de la minorité islamique du pays semblent les fréquenter eux aussi...
Bohol d'air
Dans l'archipel des Visayas, Bohol, notre première étape, nous plonge dans une campagne tropicale sur fond de courtepointe de rizières, de forêts et de plantations de manguiers, de nipa, une variété de palmiers dont on utilise les feuilles séchées pour fabriquer les toitures des maisons, et d'ignames mauves. Sur la route, on croise des carabaos, de petits buffles d'eau, meilleurs amis du paysan, et des jeepneys, seul élément rappelant Manille. Ce sont les jeeps que les Américains ont laissées derrière eux après la Deuxième Guerre mondiale et que de futés Philippins ont bricolées et converties en minibus. Ils sillonnent tout le pays aujourd'hui. Après une croisière sur la rivière Loboc, la guide Gwendelyn Bitancor nous présente une étrange créature qui n'existe nulle part ailleurs sur la planète, dit-elle: le tarsier. Animal nocturne, arboricole et gros comme le poing, ce primate aux yeux de hibou, aux oreilles à la Yoda et à queue de rat ne gagnerait pas de prix de beauté, c'est sûr! Dans l'enclos où ils sont gardés en semi-captivité, deux douzaines de tarsiers sont agrippés aux branches des crotons et semblent beaucoup moins impressionnés par nous que nous par eux. Et dire que ces petites boules de poil peuvent se propulser à trois mètres dans les airs pour capturer leurs proies... Mais l'attrait numéro un de Bohol, ce sont les fameuses Chocolate Hills, quelque 1300 collines d'origine corallienne, hautes de 40 à 120 mètres et tapissées de végétation. «De mars à avril, pendant la saison sèche, leur végétation est brûlée par le soleil et elles ressemblent alors à des Kiss [petites bouchées] Hershey, d'où leur nom, raconte la guide. Mais maintenant [nous sommes en octobre, à la fin de la mousson], elles sont plutôt vert menthe.» Qu'importe: ces Carmen Hills, le nom qu'elles portaient avant que l'industrie du tourisme ne les adopte, ponctuent le paysage de leurs cônes insolites sur des kilomètres à la ronde, et c'est tout simplement très beau. Gwendelyn terminera notre tournée un peu plus loin, dans le village de Bool, où un monument commémore le pacte de sang qui, en 1565, unit le chef local Sikatuna au conquistador des Philippines, Miguel López de Legazpi. Moins de deux heures de traversier plus tard, nous apprendrons, dans l'île de Mactan, que Fernand de Magellan, lui, fut pas mal moins bien reçu...
Pauvre Magellan!
Imaginez, lever les voiles sur ordre de Charles Quint, traverser l'Atlantique, longer l'Amérique du Sud, découvrir par hasard un passage débouchant sur le Pacifique, maintenir le cap contre vents et mutineries, se ravitailler à Guam et convertir quelques indigènes au passage pour finalement périr aux mains d'un chef tribal portant le nom d'un poisson! Selon le guide Balbino Guerrero, comme ça s'était plutôt bien passé avec le chef de l'île voisine de Cebu, notre explorateur, enhardi, tomba dans le piège que lui tendit Lapu-Lapu («mérou» en tagalog). Et le voilà, portant armure et arquebuse, qui descend de sa caravelle sur le rivage de Mactan, à marée basse et sous un soleil de plomb, avec une poignée d'hommes face à des centaines d'insulaires les bombardant de flèches empoisonnées... Triste fin s'il en est. La bataille est commémorée sur le site même où elle eut lieu par une statue d'un Lapu-Lapu apeurant et d'un monument à Magellan. À moins d'être un fan du Portugais, on ne s'éternisera pas longtemps dans ces parages, qui représentent un passage obligé pour se rendre dans l'île de Boracay, notre prochaine étape. Sur l'île de Cebu, la ville du même nom, premier port du pays, ne charmera pas les habitués de l'Asie. On ira voir la fameuse croix qui, dit-on, renferme les restes de celle que Magellan planta sur cette terre en 1521; la Casa de l'évêque Gorordo si on a raté la Casa Manila, car elles se ressemblent; et le Carbon Market, qui n'a rien à voir avec le marché du carbone, on s'en doute. Ancien terminus de la ligne de chemin de fer de Cebu, l'endroit servait jadis d'entrepôt pour le charbon qui alimentait les locomotives. Aujourd'hui, il regorge de marchandises hétéroclites, de fruits et de légumes bizarres et de visages avenants. L'ai-je dit: les Philippins ont le sourire encore plus facile que soeur Angèle. Les amateurs de plongée sous-marine, eux, mettront le cap sur l'île de Malapascua, au nord de Cebu: ses eaux sont le royaume des requins renards et autres poissons sympas du genre.
Poudreuse à la plage Depuis l'île de Panay, nous empruntons une navette qui nous emmène dans l'île de Boracay, qui fait à peine neuf kilomètres de long sur un kilomètre de large. Le nom Boracay est dérivé de «borac», qui signifie «coton» dans la langue indigène locale et fait référence à White Beach, la plage du pays. Comme de raison, cette vaste étendue de poudre blanche n'est pas déserte, loin de là. En cette fin d'octobre, on dirait même que tous les nouveaux mariés du Japon et de la Corée s'y sont donné rendez-vous. On reconnaît aisément ces derniers car ils s'habillent en jumeaux: même bermuda, même t-shirt, même chapeau! Longeant la plage sur environ quatre kilomètres, une promenade piétonne, plantée de cocotiers, sépare White Beach d'une succession d'hôtels, de boutiques, de cafés et de centres de plongée. Et au milieu du front de mer, on trouve, quoi d'autre, D-Mall, un centre commercial à ciel ouvert. Nul besoin d'être urbaniste, ça se voit à l'oeil nu: la station balnéaire souffre d'une trentaine d'années de développement échevelé. Mais pour peu qu'on s'éloigne des zones animées, on découvre la Boracay tant vantée. À hauteur de Station 1 (la plage est découpée en cinq «stations») et de l'élégant hôtel Discovery Shores, l'environnement est à la hauteur de sa réputation. Et puis, encore plus au nord, il y a Puka Beach, la plage sauvage de nos fantasmes. Installons-nous. La mer de Chine méridionale est chaude, cristalline, et ses bleus-verts aveuglants. Il ne manque qu'un paraw, une embarcation traditionnelle à foc et grand-voile colorés, pour que le tableau soit parfait. Justement, en voilà un. En vrac - Y aller: avec Philippine Airlines via Vancouver, un vol de 13 heures sur Manille, et Air Philippines et Asian Spirit pour les vols intérieurs Manille-Bohol, Mactan-Panay et Panay-Manille. www.philippineairlines.com. - Quand y aller: après la saison des typhons, de novembre à mai. - Où loger: dans Panglao, l'île voisine de Bohol, Amarela est un hôtel-boutique familial plein de charme, situé au bord de la mer. www.amarelaresort.com. Dans l'île de Boracay, Discovery Shores est un nouvel hôtel de 80 chambres affilié à Small Luxury Hotels of the World. Ça dit tout! www.discoveryshoresboracay.com. - Massage: dans Boracay, au magnifique Mandala Spa & Villas, on propose un massage inspiré du hilot, la médecine douce traditionnelle. Mais on peut également se faire masser un peu partout, dans les aéroports comme au pied des Chocolate Hills. - Bon à savoir: en 2006, 2,6 millions de touristes (excluant les Overseas Filipino Workers), essentiellement japonais et coréens, ont séjourné aux Philippines. Ce n'est donc pas la cohue... - Alerte: sur son site Internet, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada conseille aux voyageurs se rendant aux Philippines de «faire preuve d'une grande prudence» et «d'éviter tout voyage à l'archipel de Sulu». De un, cet archipel, fief des rebelles, est presque plus près de Bornéo que des Visayas. De deux, oui, la prudence est de mise partout, même en République dominicaine, pays pour lequel le MAECI émet le même avis. De trois, si les vérifications de sécurité en vigueur dans les hôtels, les grands magasins, les casinos et autres lieux publics peuvent être agaçantes, elles sont aussi rassurantes. Au lendemain du présumé attentat terroriste dans un centre commercial de Makati City, le 19 octobre dernier, elles ne m'incommodaient plus du tout... - Renseignements: www.experiencephilippines.ph, www.wowphilippines.com.ph. Carolyne Parent était l'invitée du ministère du Tourisme des Philippines. Collaboratrice du Devoir
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